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Âge et dépression (GDS)
" Je ne suis plus bon à grand chose et même pour mes loisirs, j’ai perdu tout plaisir."
mercredi 14 mai 2008, par
Échelle de dépression gériatrique (GDS : Geriatric Depression Scale).
La dépression sévère est un grave problème de santé publique.
On recense annuellement en France 12 000 à 14 000 décès par suicide (pour dix fois plus de tentatives infructueuses).
Les statistiques font apparaître une augmentation de la maladie dépressive et des suicides, chez les hommes, en fonction de l’âge.
- Augmentation du suicide chez l’homme après 70 ans
La sénescence s’accompagne de signes de détérioration physique et intellectuelle auxquels viennent se surajouter de nombreux évènements de vie traumatisants (deuil de proche, mise à la retraite, réduction du niveau de vie, déménagements, etc ...).
Dans ce contexte, il est important de disposer d’outils spécifiquement adaptés au dépistage précoce et systématique de la dépression chez la personne âgée.
Des questionnaires d’évaluations psychiatriques ont été élaborés afin de prendre en compte les biais introduit par l’existence de troubles liés à l’âge.
Il existe trois versions de l’Echelle de Dépression Gériatrique (EDG).
Ces échelles sont traduites de la version américaine "Geriatric Depression Scale (GDS) et publiées en France en avril 2005 par Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie / Année 5 / Avril 2005 (NPG)
Nous les mettons en ligne ici avec l’aimable autorisation des auteurs, les Dr Laurence Lacoste et Christophe Trivalle).
Nb : Le sujet âgé doit répondre en fonction de son sentiment au cours des dernières semaines et non pas sur l’ensemble de sa vie ni dans l’instant présent.
Nb. Ces échelles sont validées pour le dépistage systématique de la dépression mais ne sont pas suffisantes à elle seules pour établir un diagnostic.
Elles n’ont pas de valeur si la personne présente une détérioration intellectuelle majeure (psychose, maladie d’Alzheimer). Lorsque le Mini Mental Score (MMS) est inférieur à 15, il convient d’utiliser l’échelle de Cornell qui reste fiable même dans les situations de démence sévère.
(Cf "Questionnaires de dépistage psychiatrique").
Auto - questionnaires de dépistage de la dépression chez la personne âgée.
Ces questionnaires peuvent être remplis directement par le patient ou être passés par un soignant (psychologue, médecin, infirmier).Des propositions indiquent la probabilité de dépression si le
sujet donne une réponse positive pour certains, et négative pour
d’autres.
Chaque réponse à caractère dépressif reçoit un point.
Plus le score est élevé et plus la personne a des risques de présenter une dépression.
la GDS a pour intérêt majeur d’avoir été conçue et validée auprès de personnes âgées en prenant en compte l’écueil des troubles physiques (le biais qui consisterait à considérer certains troubles fonctionnels comme des signes dépressifs).Échelle de dépression gériatrique à 4 items
Source : Clément JP, et al. Mini-GDS. Encephale 1997 ; 23:91-9.
C’est un test très rapide et fiable à effectuer dans le cadre d’un dépistage systématique à l’occasion d’une consultation dans un contexte d’évènement de vie qui risquerait de faire décompenser un terrain pré-dépressif.
Il est intéressant parce qu’il présente une bonne sensibilité (peu de faux négatifs) et une bonne spécificité (peu de faux positifs).
Valeur des réponses ................................. 1 0 1. Vous sentez-vous souvent découragé(e) et triste ? oui non 2. Avez-vous le sentiment que votre vie est vide ? oui non 3. Êtes-vous heureux (se) la plupart du temps ? non oui 4. Avez-vous l’impression que votre situation est désespérée ? oui non
Si le score est égal à 1 ou plus, il y a une très forte probabilité de
dépression ;
Si le score est égal à 0, il y a une très forte probabilité d’absence de dépression.Échelle de dépression gériatrique à 15 items
L’échelle de dépression gériatrique à 15 items est un excellent outil pour évaluer l’efficacité d’un traitement antidépresseur chez des sujets non détériorés sur le plan intellectuel.(Clément et al dans "Encéphale" en 1997).
Entourez la proposition qui correspond à votre état (en tenant compte des dernières semaines).
Valeur des réponses ................................. 1 0 1. Êtes-vous satisfait(e) de votre vie ? oui non 2. Avez-vous renoncé à un grand nombre de vos activités ? oui non 3. Avez-vous le sentiment que votre vie est vide ? oui non 4. Vous ennuyez-vous souvent ? oui non 5. Êtes-vous de bonne humeur la plupart du temps ? non oui 6. Avez-vous peur que quelque chose de mauvais vous arrive ? oui non 7. Êtes-vous heureux (se) la plupart du temps ? non oui 8. Avez-vous le sentiment d’être désormais faible ? oui non 9. Préférez-vous rester seul(e) dans votre chambre plutôt que
de sortir ?oui non 10. Pensez-vous que votre mémoire est plus mauvaise que celle
de la plupart des gens ?oui non 11. Pensez-vous qu’il est merveilleux de vivre à notre époque ? non oui 12. Vous sentez-vous une personne sans valeur actuellement ? oui non 13. Avez-vous beaucoup d’énergie ? non oui 14. Pensez-vous que votre situation actuelle est désespérée ? oui non 15. Pensez-vous que la situation des autres est meilleure que
la vôtre ?oui non Calculez le score : ______ /15
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Résultats :Le score normal est inférieur à 5.
À partir de 5 il y a un risque de dépression.
Un total supérieur à 12 est en faveur d’une dépression sévère.
Ces échelles sont validées pour le dépistage systématique de la dépression mais ne sont pas suffisantes à elle seules pour établir un diagnostic.Échelle de dépression gériatrique à 30 items
(d’après les travaux de Yesavage et al. (1982) [1]
Instructions : Encerclez la réponse exprimant le mieux comment vous vous sentiez au cours de la semaine passée :
Valeur des réponses 1 0 1. Êtes-vous satisfait(e) de votre vie ? non oui 2. Avez-vous abandonné un grand nombre d’activités et d’intérêts ? oui non 3. Est-ce que vous sentez un vide dans votre vie ? oui non 4. Vous ennuyez-vous souvent ? oui non 5. Êtes-vous optimiste quand vous pensez à l’avenir ? non oui 6. Êtes-vous préoccupé(e) par des pensées dont vous n’arrivez pas à vous défaire ? oui non 7. Avez-vous la plupart du temps un bon moral ? non oui 8. Craignez-vous qu’il vous arrive quelque chose de grave ? oui non 9. Êtes-vous heureux/heureuse la plupart du temps ? non oui 10. Éprouvez-vous souvent un sentiment d’impuissance ? oui non 11. Vous arrive t-il souvent de ne pas tenir en place, de vous impatienter ? oui non 12. Préférez-vous rester chez vous au lieu de sortir pour faire de nouvelles activités ? oui non 13. Êtes-vous souvent inquiet(e) au sujet de l’avenir ? oui non 14. Avez-vous l’impression d’avoir plus de problèmes de mémoire que la majorité des gens ? oui non 15. Pensez-vous qu’il est merveilleux de vivre à l’époque actuelle ? non oui 16. Vous sentez-vous souvent triste et déprimé(e) ? oui non 17. Vous sentez-vous plutôt inutile dans votre état actuel ? oui non 18. Le passé vous préoccupe-t-il beaucoup ? oui non 19. Trouvez-vous la vie très excitante ? non oui 20. Avez-vous de la difficulté à entreprendre de nouveaux projets ? oui non 21. Vous sentez-vous plein(e) d’énergie ? non oui 22. Avez-vous l’impression que votre situation est désespérée ? oui non 23. Pensez-vous que la plupart des gens vivent mieux que vous ? oui non 24. Vous mettez-vous souvent en colère pour des riens ? oui non 25. Avez-vous souvent envie de pleurer ? oui non 26. Avez-vous de la difficulté à vous concentrer ? oui non 27. Êtes-vous heureux/heureuse de vous lever le matin ? non oui 28. Préférez-vous éviter les rencontres sociales ? oui non 29. Prenez-vous facilement des décisions ? non oui 30. Vos pensées sont-elles aussi claires que par le passé ? non oui Calculez le score : ______ /30
Résultats :
Moins de 10 : absence de dépression ;
À partir de 11 : probabilité de dépression.
Ces échelles sont validées pour le dépistage systématique de la dépression mais ne sont pas suffisantes à elle seules pour établir un diagnostic.
Rappel :
Le diagnostic de la dépression majeure (dans le DSM IV) requiert, pendant une période minimale de deux semaines, la présence d’au moins cinq des neuf symptômes suivants :
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- humeur dépressive ;
- perte d’intérêt ou de plaisir ;
- perte ou gain de poids ;
- insomnie ou hypersomnie ;
- agitation ou ralentissement psychomoteur ;
- fatigue ;
- sentiment de culpabilité ou auto - dévalorisation ;
- diminution de la capacité à penser ou à se concentrer ;
- pensées suicidaires.
Sommeil et âge ?
Il importe de différencier, d’une part, des modifications physiologiques du sommeil liées à l’âge et d’autre part, des troubles correspondant à une perturbation du sommeil avec répercussions sur l’éveil diurne et la qualité de vie.
Les caractéristiques du sommeil chez la personne âgée sont remarquable par quatre points :
1. une légère diminution de la durée totale du sommeil, liée à une augmentation du nombre et de la durée des éveils nocturnes et à un réveil matinal plus précoce.
2. une diminution de l’efficacité du sommeil avec réduction du sommeil lent profond et du sommeil paradoxal (et augmentation du nombre de changements de stades) ;
3. une modification du rythme circadien avec des couchers plus précoces (avance de phase) et une tendance à moins dormir la nuit et plus le jour avec fréquentes mais courtes périodes de somnolence, indépendamment des siestes (microsommeils imperceptibles devant la télévision +++).
4. une consommation d’hypnotiques bien au-dessus des taux observés chez les sujets plus jeune. En France, plus de 24 % chez les sujets de 65 à 74 ans et à près de 33 % chez ceux de 75 ans et plus.
Il s’agit d’usage chronique chez 74 % de ceux de 65 à 74 ans, et chez 93 % des plus de 75 ans ( [2]) (en contradiction avec l’AMM des somnifères).
Il est pourtant confirmé par toutes les études que leur faible efficacité est lourdement contrebalancée par leurs effets délétères. ( [3])L’essentiel :
Le sommeil des sujets âgés est donc en général plus fragmenté, moins profond et moins efficace et ils passent en général plus de temps au lit. Pour autant, d’un point de vue statistique, le besoin réels de sommeil varie peu au regard des modifications des conditions de vie (passage à la retraite, handicap ...)
Au cours de la vie, la durée totale de sommeil diminuerait seulement d’environ 6 minutes par décennie. ( [4]Les 7 erreurs à éviter
Prescrire ou renouveler un hypnotique de façon systématique.
Associer plusieurs anxiolytiques ou hypnotiques.
Renouveler une ordonnance sans réévaluer la situation du patient.
Méconnaître une dépression ou un autre trouble psychiatrique.
Négliger un symptôme évocateur de syndrome d’apnées du sommeil (ronflements sonores, somnolence diurne, troubles cognitifs, excès de poids).
Prescrire un hypnotique en présence d’une pathologie respiratoire.
Arrêter brutalement un traitement hypnotique.
Voir les articles connexes du site :
"Àge et dépendance"
"Questionnaire de plainte Mnésique de Mac Nair"
"Fatigue ou somnolence ?" ;
"Burnout ou dépression ?" ;
"Dépistage de la dépression" ;
"Prise en charge intégrée de la dépression.
- Quelques liens externes pour en savoir plus...
- Géronto prevention Le site de la prévention du vieillissement pathologique (Dr Christophe Trivalle).
- Plan National “BIEN VIEILLIR” 2007 - 2009 (Ministère de la Santé et des Solidarités).
- Hausse préoccupante du suicide chez les personnes âgées La Revue Prescrire, avril 2005, p 301- 302)
- Suicide et génération (Pdf. 45 p.).
- Références de la version US de la GDS.
- Atelier Alzheimer Journées Gérontologiques Pratiques (29 et 30 juin 2006) Dr Bonnet Michel - Dr Amazan Alex.
- Le sommeil et le veillissement Une brochure de la Société Canadienne du sommeil.
[1] Yesavage JA,Brink TL,Rose TL,Lum O,Huang V,Adey M,et al. Development
and validation of a geriatric depression screening scale:a preliminary report. J Psychiatr Res 1982-1983 ; 17:37-49.
[2] Ohayon MM, Caulet M, Lemoine P. "Sujets âgés, habitudes de sommeil et consommation de psychotropes dans la population française.L’Encéphale, 1996 ; 22(5) : 337-5.
[3] "Sédatifs et hypnotiques chez la personne âgée ; plus de risques que de bénéfices" ; Réf : Glass J, Lanctôt KL, Herrmann N et coll. Sedative hypnotics in older people with insomnia : A meta-analysis of risks and benefits. Br Med J, novembre 2005 ;331:1169.
[4] Corman B, Léger D. Troubles du sommeil chez le sujet âgé. Rev Prat. 2004 Juin 30 ; 54(12):1281-5.