Sommeil et médecine générale

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Signification du rêve

"On ne donne pas rendez-vous à ses rêves. Ils viennent vous rendre visite quand ils en ont envie et pas quand vous en avez besoin." Yvan Audouard, Les pensées

mercredi 19 décembre 2007, par guilhem

Le rêve est un phénomène très commun qui a intrigué l’humanité depuis la nuit des temps.
Le rêve a toujours suscité de nombreuses questions de par l’étrangeté de son contenu, et aussi de l’impact émotionnel qui y est associé.
Nous tenterons ici d’exposer l’état des connaissances scientifiques sur le rêve.

L’interprétation des rêves a connu beaucoup de succès à certaines périodes de l’histoire, mais l’avancée des sciences modernes a permit d’en préciser les limites.
Nous espérons démontrer que la réalité est bien moins mystérieuse qu’il n’y parait.
Il ne faut pas croire tout ce que l’on "voit", Cf. Illusions d’optique en bas de page...
Il ne faut pas non plus mal interpréter tout ce que l’on entend, Cf. Catathrénies.


    Sommaire de la page :

  • Est-il nécessaire de rêver ?
  • Définition électro-encéphalographique du sommeil.
  • Il existe donc, non pas un mais deux types de sommeil..
  • Quel est le rôle de l’extraordinaire dépense d’énergie, que représente le Sommeil Paradoxal ?
  • N’est pas rêveur qui veut.
  • Place du rêve dans la consultation médicale ?
    Pourquoi se rappelle-t-on, ou non, des rêves ?
    Que faut-il penser du contenu de certains rêves ?
    S’agit-il bien de rêves ?
  • Implications pathologiques du rêve.
  • Conclusion.

"Notre cerveau est fondamentalement créatif. Cette créativité spontanée, et qui s’exprime aussi durant les rêves, est rendue possible par l’absence des contraintes (physiques, logiques, morales...) qui pèsent sur le sujet éveillé. Allan Hobson (1977).

Est-il nécessaire de rêver ?

Non.
la présence ou l’absence de rêve n’est pas un critère suffisant pour juger, à priori, de la qualité du sommeil.
Les expressions populaires, sur ce sujet sont, par exemple, tout à fait contradictoires et illustrent le fait que chacun voit midi à sa porte.
On souhaite aux enfants de "faire de beaux rêves".
Un adulte se sentira en pleine forme après avoir dormi "d’un sommeil sans rêves" (ressenti comme suffisamment profond pour être efficace).

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rêve ou cauchemar ?


Deux concepts semblent ainsi s’opposer : le "sommeil de plomb" et le "sommeil de rêve", mais comme souvent, le sens commun est plein de sagesse.

Une personne qui dort d’un sommeil léger rêvera davantage que celle qui dort profondément.
Inversement, lorsqu’on enregistre le sommeil en laboratoire, , on constate que le sommeil d’un court dormeur contient plus de sommeil profond et a un meilleur rendement que celui d’un long dormeur.
.

Enfin, durant un enregistrement du sommeil, il n’est pas possible de distinguer un rêve d’un cauchemar, pas plus que de prédire avant de le réveiller, si un sujet saura se souvenir d’un rêve ou non.


Définition électro-encéphalographique du sommeil :

Les rêves sont restés les seuls phénomènes "observables" au cours du sommeil depuis le début de l’humanité, jusqu’à l’utilisation, dans les années cinquante, de méthodes permettant l’enregistrement, à la surface du crâne, de l’activité micro-électrique qui résulte du fonctionnement du cerveau : l’électro-encéphalographie (EEG).

La médecine du sommeil moderne date de cette époque, marquée par la découverte au cœur du sommeil, d’un phénomène imprévu d’activation cérébrale, qualifié de paradoxal" par le Pr Michel Jouvet à Lyon.
Il avait constaté qu’il y avait, toute les cent minutes de sommeil, des périodes où l’activité EEG ressemblait à de l’éveil.
Alors que le sujet semble profondément endormi, que son corps est totalement relâché, son cerveau fait preuve d’une dépense énergétique intense. Cela constitue ce que l’on appelle (en français) le Sommeil Paradoxal.

Quelques précisions :
Voir l’article : "Enregistrement du sommeil"
Les ondes électriques émises par le cerveau, sont caractérisées par leur fréquence et leur amplitude.
L’éveil correspond à un rythme très rapide irrégulier et micro-volté.
La relaxation et la fermeture des yeux entrainent un ralentissement et la régularisation de ce rythme (appelé Alpha).
L’endormissement et le sommeil correspondent (logiquement) à un ralentissement progressif de ce rythme : il apparaît de plus en plus d’ondes "lentes" (appelées Delta).
Ce sont ces ondes qui caractérisent le sommeil "lent" dont la "profondeur" est définie de 1 à 4 en fonction de la densité des ondes Delta sur l’EEG.
L’interruption de la conscience qui va de pair avec le sommeil correspond, dans le cerveau, à un ralentissement progressif des réseaux qui contribuent à maintenir l’éveil.
Le sommeil lent stade 1 est une transition avec l’éveil, le sujet ne "sait" pas encore qu’il dort.
Il est plus difficile de réveiller un dormeur en stade 3 ou 4 qu’en stade "2".

Le début du sommeil est donc marqué par un ralentissement progressif du fonctionnement cérébral, mais cette phase de repos est bientôt interrompue par une phase d’intense activité qui définit le Sommeil Paradoxal.

Le Sommeil Paradoxal apparaît comme un bouleversement radical et brusque du fonctionnement cérébral. L’enregistrement EEG permet d’observer l’apparition d’un tracé rapide et désorganisé analogue à celui qu’on observe durant l’éveil.

Une période de sommeil lent (SL) suivie d’une période de sommeil paradoxal (SP), constitue ce que l’on appelle un "cycle de sommeil".
Chaque cycle dure environ 90 minutes. Il y en a quatre à six par nuit (soit 6 à 9h de sommeil).
La part relative de SL et de SP dans chaque cycle évolue tout au long de la nuit. Le sommeil n’est pas homogène ! .


Il existe donc, non pas un mais deux types de sommeil :

- Le Sommeil Lent dont la profondeur est numéroté de 1 à 4 en fonction de sa densité en ondes lentes :

les stades 3 et 4 correspondent au sommeil lent profond qui prédomine en début de nuit. C’est à ce stade que surviennent parfois les épisodes de somnambulisme, de somniloquie ... ou de pipi au lit ...
par contre, , le sommeil lent de fin de nuit n’est constitué que de sommeil "léger" (stade 1 et 2).

C’est le sommeil qui "repose", celui qui répare des fatigues de la veille.

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Hypnogramme normal


- Le Sommeil Paradoxal, est marqué par une activité électrique cérébrale très rapide et désordonnée.
Il est caractérisé par l’existence d’une paralysie musculaire, de secousses oculaires rapides et d’une congestion des organes sexuels.

Il prédomine en fin de nuit.
C’est le plus souvent à ce stade que surviennent parfois les rêves, les cauchemars ... et les hallucinations.
C’est le sommeil qui "prédispose", celui qui prépare l’organisme à la journée à venir.

Il s’en produit à la fin de chaque cycle de sommeil après une période sommeil lent.

Voir l’article : "Hypnogrammes normaux et pathologiquesl"

Le sommeil paradoxal est d’une importance telle pour le fonctionnement du cerveau qu’il semble impossible de s’en passer durablement (mais cela reste un sujet de discussion scientifique, en l’absence d’étude techniquement valide).

Il occupe 15 à 25% du temps total de sommeil.
Un phénomène de "rebond compensatoire" apparaît dans les suites d’une privation sélective de ce sommeil.
On a mis en évidence son rôle dans les mécanismes de la maturation cérébrale et de la mémoire.
Voir l’article : "Savoir dormir"


On s’est aperçu par la suite que si le sujet se réveille (ou si on le réveille) à ce moment là, il est (assez) souvent en mesure de rapporter le contenu d’un rêve (qu’il était en train de faire).


De là à penser que le "rêve" accomplit une fonction primordiale, il n’y avait qu’un pas, que certains chercheurs ont franchi, un peu rapidement.

Des études récentes prouvent tout simplement qu’on rêve davantage lorsque le sommeil est léger (et donc qu’il y a de nombreux micro-éveils spontanés), que lorsque le sommeil est profond. On ne se souvient de ses rêves que lorsqu’il se produit de brefs éveils.


Quel est le rôle de l’extraordinaire dépense d’énergie, que représente le SP ?

Malgré cinquante ans de recherche, personne n’a la réponse exacte à cette question...


"le sommeil paradoxal est encore une « fonction orpheline » (Pr Jouvet).

NB. Selon notre hypothèse, le sommeil paradoxal est une période de "maintenance" indispensable au fonctionnement optimum du système nerveux central autonome. Cet étalonnage quotidien des constantes physiologiques semble absent chez les animaux à sang froid et apparaît, dans l’arbre de l’évolution des espèces, avec le développement du cerveau.

En toute logique, ce n’est pas le souvenir du rêve qui compte pour la santé, mais bien le "travail "(encore mystérieux) qui est accompli par le cerveau au cours du sommeil paradoxal.
On peut d’ailleurs parfaitement produire beaucoup de sommeil paradoxal sans se souvenir d’aucun rêve.
Cet amalgame malheureux entre le sommeil paradoxal et le souvenir des rêves a donné (en son temps), beaucoup de poids aux théories psychanalytiques. Durant le 20e siècle, on croyait détenir là un support physiologique à certaines étapes de la construction de la psyché.
 [1]


Les rêves sont des phénomènes aléatoires et facultatifs. Leur contenu parfois traumatisant prend (trop) volontiers une dimension initiatique.
Certes, le sens du "message" qu’ils contiennent (parfois) peut servir de base à un dialogue intérieur constructif (certaines personnes disent trouver dans l’observation de leurs propres rêves une méthode d’épanouissement personnel). Mais, selon nous, des dérives regrettables sont possibles, car il peut être troublant (et parfois même dangereux) de leur accorder trop d’importance. [2]

Dès 1977, le Dr Allan Hobson [3] proposait dans sa "nouvelle théorie du rêve", une hypothèse selon laquelle les rêves seraient une activation-synthèse de la conscience destinée à attribuer un sens à des signaux aléatoire produits au cours du sommeil.
« Le terme de "synthèse" suggère pourquoi les rêves sont à la fois et paradoxalement cohérents et étranges : la synthèse est la meilleure intégration possible des données intrinsèquement chaotiques produites par le cerveau-esprit autoactivé. »


N’est pas rêveur qui veut.

Même s’il n’est (en principe) pas impossible de développer (par des techniques de méditation par exemple) la faculté de se souvenir de ses rêves avec plus ou moins de détails, leur occurrence est plus liée à des caractéristiques somnologiques (composante génétique et environnementale, événements de vie ...) qu’à des considérations de nature psychologique.

En d’autres termes, quelles que soient les conditions de vie, les soucis ou l’humeur, certains sujets ne rêvent quasiment jamais, tandis que d’autres semblent "équipés" pour rêver très souvent.

À l’époque où l’on ne décidait rien sans consulter les oracles, les petits rêveurs n’avaient pas de chance (sic). [4]

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"Grand traité des songes et.... de l’art de lire dans le marc de café"

Le rêve est un phénomène très commun mais inégalement réparti.
Le rythme de vie du monde moderne impose une réduction du temps de sommeil léger au profit du sommeil profond et réparateur.
S’il n’est pas réveillé au cours d’un rêve, les souvenirs du scénario en cours ne seront pas transférés dans la mémoire consciente, et il n’y aura donc pas de "rêve".

D’une certaine façon, le rêve est donc un luxe ... réservé a certains bons dormeurs qui ont (ou qui prennent) le temps de dormir.

On trouve sur Internet de nombreux sites très scientifiques qui traitent de la signification du rêve et des sources de réflexions qu’on peut y trouver.
Le lecteur intéressé peut se reporter aux liens externes en "Doc." de bas de page pour découvrir, entre autre, les techniques dites "d’incubation" ou d’induction de la lucidité onirique (qui consistent à travailler pour développer le souvenir des rêves).
On sait depuis longtemps qu’il est possible pour certaines personnes et avec un peu d’entrainement, de conserver durant le sommeil quelques schémas mentaux spécifiques, tel que la volonté de se réveiller spontanément à une heure choisie, par exemple.

Ce type de compétence (inégalement répartie entre les individus) est également compatible avec le développement de l’intention de se souvenir du contenu de ses rêves.

Certains dormeurs peuvent même garder une forme de conscience, au cours ce ce qu’on appelle des "rêves lucides" (Cf.).
- Une technique consiste à noter ses rêves par écrit le plus vite possible au réveil. Les personnes très motivées (et/ou relativement obsessionnelles...) sont capables de rappels oniriques très fournis. ( [5]).

- Le bouddhisme tibétain semble avoir développé une forme de yoga du rêve destiné à maintenir la même conscience qu’à l’état de veille au cours du rêve (voir l’article "Yoga Nidra, le sommeil conscient"), mais il est difficile de savoir exactement de quel stade du sommeil il s’agit car, à notre connaissance, il n’y a pas eu d’expérience sous enregistrement polysomnographique.

- De nos jours, certaines techniques plus prosaïques comme l’exposition à des flashes lumineux au cours du sommeil paradoxal seraient à l’étude. (Un appareil portatif pour l’induction du rêve lucide est sur le marché. Une étude aurait montré qu’avec de l’entrainement, Ce "DreamLight" à usage domestique , augmenterait la fréquence rapportée des rêves (?).
Voir l’article de 1995 (en Anglais), pour en savoir plus :"validité du "dreamlight"


Cependant, nous accordons peu de crédit aux différentes conceptions qui prêtent des vertus excessives à l’observation des rêves.

Le contenu irréel du rêve a inspiré de nombreux artistes...
À certaines époques plus barbares... en Europe, , il a conduit de nombreuses victimes au bûcher pour sorcellerie.
Dans d’autres cultures au contraire, il a été utilisé pour guider, initier ou guérir (chamanisme). [6]
De nos jours, son succès médiatique résulte en grande partie des affirmations de S. Freud. Il conduit certains rêveurs sur le divan des psychothérapeutes (parfois avec un certain succès, parait-il).
Pour mémoire, Selon Freud, « L’interprétation des rêves est la via régia, la voie royale, menant à la connaissance de l’inconscient dans la vie psychique. » (Die Tramdeutung, 1900).
Les bases neurobiologiques du rêve semblent de moins en moins en faveur de ces théories.


Place du rêve dans la consultation médicale ?

En consultation, il n’existe que deux situations où le médecin du sommeil s’intéressera à la présence de rêves :
- soit pour se prêter au jeu des Questions-Réponses et aider à mieux définir les différentes parasomnies ;
- soit pour dépister les implications pathologiques de certains types de rêves particuliers.

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"Désordre psychique à contenu absurde et sans valeur pratique." (1924, Larousse Médical Illustré)

  • Questions-Réponses au sujet des rêves.

    • Voir l’article : "Architecture du sommeil"
      Pourquoi se rappelle-t-on, ou non, des rêves ?
      Que faut-il penser du contenu de certains rêves ?
      S’agit-il bien de rêves ?
    • Pourquoi se rappelle-t-on, ou non, des rêves ?

      Les rêves se produisent essentiellement (mais pas exclusivement) au cours du sommeil paradoxal (SP), mais le souvenir des rêves en lui-même, n’est lié qu’à l’éveil.
      Certaines expériences suggèrent même que des rêves, qui paraissent très longs, ne durent en réalité que les quelques secondes qui précèdent le réveil.


      Le dormeur aura davantage souvenir d’avoir rêvé dans les circonstances où le sommeil qui encadre le sommeil paradoxal est entrecoupé de micro-éveils
      .


      "Conter son rêve, c’est être revenu à l’état de veille". (Sénèque, 1°siècle ; Extrait de Lettres à Lucillus).
      • Cela se produit naturellement en fin de nuit, lorsque la "pression" de sommeil est très faible (Cf. l’hypnogramme en haut de page).
        (c’est pourquoi il est plus fréquent de se souvenir d’avoir rêvé au matin).
        Pour autant, un éveil provoqué en début de nuit peut aussi être accompagné d’un rêve.
        Ainsi, le sujet qui se réveille spontanément ou facilement, ("couche tôt" ou court dormeur), aura plus de chance de se souvenir de rêves que celui qui doit s’arracher à un sommeil plus profond lorsqu’il est l’heure de se lever (chronotype couche tard ou long dormeur).
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        "Le sommeil est comme un feu de bois, le matin il est inutile de souffler sur les braises"
      • Inversement, la consommation de produits "anti-éveil" (alcool, cannabis, tranquillisants, somnifères, antidépresseurs ... ) exerce un effet puissant anti rêves. Il n’est pas rare de voir une réapparition ou un rebond des rêves la nuit, quelques jours ou semaines après un sevrage.
      • La fréquence des rêves est positivement corrélée avec le nombre de changements de phases de sommeil. Chez un même sujet, le souvenir de rêves est plus fréquent lorsque le sommeil est perturbé par des événements de vie "somnotoxiques" (interruption du sport, décalage horaire, stress ...).
        l’allègement du sommeil est physiologique en cas de préoccupation ou de danger. Il s’agit d’une réaction de défense qui augmente ainsi nos capacités de réflexion.
        " Sommeil du juste ? Je crois que ce sont les injustes qui dorment le mieux, parce qu’ils s’en foutent" fait remarquer avec humour l’écrivain Romain Gary).
        Voir l’article "Textes d’Auteurs et citations" )

        C’est peut être pour cela que l’on dit que la nuit porte conseil. On peut y voir aussi l’origine de la notion "d’ange gardien" qui viendrait aider le dormeur dans sa quête d’un monde meilleur ...

      • La quantité (et la qualité) du Sommeil Paradoxal augmente au long de la nuit tandis que la profondeur du sommeil lent qui précède s’allège. Les micro-éveils sont donc naturellement plus fréquents durant toute la deuxième moitié de la nuit.
        Chez l’adulte, le sommeil lent prédomine dans le premier cycle. Le reste de la nuit n’est composé que Sommeil Paradoxal encadré de sommeil de plus en plus léger.
        Durant l’enfance, le besoin de sommeil lent est considérablement plus important que chez l’adulte. C’est pourquoi les phénomènes comme l’énurésie ou le somnambulisme y sont fréquents.
        Ces anomalies sont le plus souvent bénignes car elles disparaissent en général spontanément à l’âge adulte.
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        Comparaison d’un hypnogramme d’adulte et d’enfant (noter la différence de sommeil lent profond
      • La présence de certains rêves peut témoigner d’une anomalie du sommeil paradoxal.
        A partir de l’endormissement, le délai d’apparition de la première phase de Sommeil Paradoxal est d’au moins 60 à 90 minutes.
        L’irruption de SP dans un délai plus court est un phénomène anormal que l’on rencontre dans trois situations pathologiques :

        - Le "Rebond de SP" qui survient en cas de privation de sommeil ou d’endormissement au petit matin (sous l’influence de la température).

        - Le raccourcissement du délai de SP qui est un signe encéphalographique de dépression nerveuse. (Voir l’article : "Sommeil et dépression ").

        - La présence d’endormissement directement en SP qui est un signe de Narcolepsie-cataplexie. l’enregistrement objectif de SP au cours de deux siestes sur cinq est suffisant pour poser le diagnostic. (Cf : "Exploration complémentaire du sommeil" ),
        Voir aussi l’article : "Narcolepsie-cataplexie " )

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        (Sources IVS)
  • Que faut-il penser du contenu de certains rêves ?
    "J’ai lu l’article Songe dans le Dictionnaire encyclopédique, et je n’y ai rien compris. Mais quand je recherche la cause de mes idées et de mes actions dans le sommeil et dans la veille, je n’y comprends pas davantage".
    Voltaire, Dictionnaire philosophique ou la raison par l’alphabet.

    La recherche de la "signification profonde" des rêves procède, à notre avis, de la mise en évidence de corrélations rétrospectives. Ce mode d’analyse est biaisé par le désir de comprendre et surtout, de ne jamais se donner tort.
    Les interprétations erronées (et parfois manipulatrices) de certains rêves ont, de notre point de vue, suscité beaucoup de confusion par le passé, et contribuent encore à troubler les sujets victimes de rêves très vivaces.
    Certains mauvais dormeurs recherchent ainsi, inutilement, dans le contenu de leurs rêves (pour ceux qui en ont) une cause à leur fatigue ou à leur insomnie.
    Il est, selon nous, plus efficace d’aborder les problèmes de sommeil par un angle bien plus pragmatique que par l’introspection : savoir bien dormir est une affaire de chronobiologie et d’hygiène de vie.

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    Johann Heinrich Füssli, Der Nachtmahr (1790-91)


    Certains thèmes sont communs à tous les rêveurs. Ils concernent des scènes à forte charge émotionnelle comme la poursuite, la chute dans le vide, le danger, la violence, la honte, et (bien sûr !) la sexualité.

    « l’homme vertueux se contente de rêver ce que l’homme pervers fait en réalité » disait Platon (qui se souvenait beaucoup de ses rêves -Nda-).

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    Les thèmes de nudité sont fréquents...
    ( Dessin d’Hervey de Saint-Denys, 1867)
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    « Nos idées ne dépendent pas plus de nous dans le sommeil que dans la veille »


    En pratique, il nous paraît plus simple d’être bon public mais de rester toujours circonspect quand à leur signification, parce qu’on ne maîtrise jamais le scénario des rêves.

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  • S’agit-il bien de rêves ? :
    Un certain nombre de phénomènes survenant au cours du sommeil sont considérés par erreur comme des rêves.
    Il faut bien distinguer les rêves (qui surviennent au cours du sommeil), de certaines "Parasomnies" de la transition veille/sommeil qui ne sont pas des rêves à proprement parler.
    Voir l’article : "Parasomnies"
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    Transition veille-sommeil (D’après Maurits Cornelis Escher)

    Nb. Certaines formes de rêves éveillés sont également décrites, le plus souvent chez des sujets en manque de sommeil (comme les marins qui rencontrent des sirènes ou voient passer un train en pleine mer !). Leur présence chez certains sujets bien portants (mais au sommeil atypique) est également possible.


    On en rapproche d’autres phénomènes comme le "déjà vu" (que les scientifiques appellent ecmnésie), cette impression fugace mais troublante qu’on a déjà vécu une scène par le passé (comme dans une vie antérieure).
    Ce type de paramnésie a toujours été, dans l’histoire de l’humanité, rattaché aux notions de "rêves prémonitoires". C’est encore souvent le cas dans les cultures traditionnelles.
    Ces phénomènes peuvent se produire chez la plupart des gens qui souffrent d’une privation de sommeil. Ils sont fréquents chez les personnes épileptiques.
    Ces observations soulignent la difficulté de définir le rêve et mettent un peu à mal certaines des théories freudiennes.
    Enfin, dans sa conception la plus large, on peut considérer qu’il est possible de rêver éveillé, et les agnostiques y trouveront là l’explication triviale d’un grand nombre "d’apparitions".
    Les personnes atteinte de narcolepsie notamment (un trouble du sommeil paradoxal), sont très souvent victimes d’étranges et inexplicables visions.
    Voir l’article : "Narcolepsie-cataplexie"


    On distingue deux type de parasomnies : celles qui surviennent en Sommeil Lent, et celles qui surviennent au cours du Sommeil Paradoxal :

    • Parasomnies en Sommeil Lent :

      Des sensations visuelles, auditives ou corporelles plus ou moins fugaces appelées hallucinations hypnagogiques et hypnopompiques surviennent au cours de l’endormissement (en début de sommeil pour les premières et au cours d’un ré-endormissement au milieu de la nuit pour les secondes.

      Nb. Chez l’enfant, la qualité et la profondeur du Sommeil Lent explique la fréquence de ces phénomènes.

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      Exemple :
      Le dormeur est à la limite de la conscience et du sommeil lent profond. Il "flotte", sent certaines parties de son corps grandir ou rapetisser, voit bouger les choses qui l’environnent.
      Il sursaute avec l’impression de tomber dans le vide, d’être traversé par un grand éclair, une décharge électrique ...

      Nb : Ici, contrairement aux rêves authentiques, le dormeur n’est pas paralysé. Il est encore capable de sortir de son sommeil grâce à sa volonté mais souvent il reste frappé par le souvenir de l’expérience.
      Ces distorsions sensorielles qui surviennent à l’endormissement sont très fréquentes dans l’enfance.
      Selon le contexte religieux ou culturel, l’âge ou l’imaginaire du sujet, leur signification peut être terrifiante. Elles peuvent même générer chez certains sujets une véritable insomnie par peur phobique du sommeil.

    • Parasomnies en Sommeil aradoxal


      Le SP est la période où surviennent majoritairement les rêves (ou les cauchemars).
      Cet état de fonctionnement du cerveau est très "paradoxal" parce qu’il s’y produit au cours du sommeil, une activité intense alors que le reste du corps est entièrement paralysé.


        Il existe deux situations pathologiques qui correspondent à une anomalie du SP :
      • soit le sujet se réveille : il est paralysé et assiste à des distorsions souvent terrifiantes de son environnement sans pouvoir émettre le moindre son.
      • soit le sujet reste endormi mais ne reste pas paralysé au cours de ses rêves, ce qui lui permet de bouger et de se comporter de manière souvent terrifiante pour l’entourage. Il produit des bruits très étranges et des gestes parfois violents.
      • Hallucination et paralysie au cours d’un éveil dissocié en SP
        Certains sujets reprennent totalement conscience au cours de cet état qui associe paralysie et activité cérébrale autonome. Ils restent sans pouvoir bouger, les spectateurs de situations généralement désagréables.
        Ces phénomènes de rêve dissocié sont caractérisés par une distorsion visuelle des éléments qui environnent le dormeur et surtout par l’impression d’être observé ou en présence d’une personne hostile, comme un fantôme ou un démon ...

        Ces phénomènes d’hallucination avec paralysie au cours du sommeil sont connus de toutes les cultures. C’est le domaine des incubes, des "Dorlis", des fées et des revenants de toute sorte.
        La constatation de l’érection réflexe, qui est concomitante aux épisodes, a donné lieu à toutes sortes d’interprétations (surnaturelles, religieuses, œdipienne ...).
        Voir l’article : "Sexsomnies"


        Le caractère émotionnellement traumatisant de ces expériences les fait très souvent passer sous silence (ou cantonnées dans le domaine de l’interprétation hasardeuse ou de la théorie psychanalytique qui ne peut qu’être vaine dans ce contexte).

      • Troubles du comportements en Sommeil Paradoxal "TCSP"
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        Fantôme ou rêve ?


        Il s’agit d’une anomalie neurologique qui se traduit par une disparition de la paralysie musculaire qui est normalement associée au SP (Le sujet de retrouve à "vivre ses rêves", au sens propre du terme...).
        Il est donc capable de bouger pendant son rêves et cela peut provoquer des actes violents, mais qui ne laissent parfois aucun souvenir au dormeur.
        Parfois le comportement du "dormeur" est très élaboré (il est capable de parler ou même de manifester un désir sexuel) mais l’entourage le décrit comme "méconnaissable" . Le sujet semble véritablement possédé ou habité par un esprit extérieur ...
        Le terme de "somnambulisme sexuel" qui a été employé pour définir ces crises est impropre ici puisqu’elles ne se produisent pas en sommeil lent comme c’est le cas du vrai somnambulisme.

        Il y a là une explication possible à certaines histoires de possessions et d’exorcismes rapportées par des observateurs très sincères qui "voyaient" dans ce comportement étrange tous les signes d’une possession par un esprit "Malin" ou diabolique.
        Voir l’article : "Troubles du comportement en Sommeil Paradoxal."


  • Implications pathologiques du Sommeil paradoxal.
    • La pratique d’une polysomnographie avec enregistrement vidéo (en infrarouge), permet de préciser le diagnostic des parasomnies.
      Selon le type de sommeil en cours lors de leur survenue on peut définir s’il s’agit de rêves, de somnambulisme, d’épilepsie nocturne ou de narcolepsie (voir plus haut).
      Chez les sujets épileptiques, des mécanismes analogues aux ecmnésies (ou "déjà-vu, Cf. plus haut) sont mis en avant pour expliquer les "auras" qui annoncent parfois l’imminence d’une crise. Ce sont des sensations de distorsions de la réalité qui surviennent au début de certaines crises.
      Longtemps considéré comme d’origine divine, l’interprétation du message symbolique qu’elles contiennent n’a plus de sens, de nos jours (sous nos contrées). [7]
    • Intérêt de l’enregistrement de l’érection en Sommeil paradoxal

      La pléthysmographie nocturne est l’enregistrement des érections réflexes du pénis au cours du Sommeil Paradoxal à partir de capteurs posés autour du pénis.
      Cet examen est pratiqué dans deux circonstances.

      • Bilan d’une impuissance sexuelle :
        l’enregistrement est effectué à la demande des urologues ou des sexologues, dans le cadre du bilan d’une impuissance.
        Il permet de distinguer l’impuissance "organique" (liée à l’âge ou au diabète par exemple) de l’impuissance dite psychologique (avec persistance des érections réflexes noctures).
      • Procédure juridique : On pouvais pratiquer ce bilan dans le cadre de la médecine légale pour objectiver une impuissance, présentée comme alibi dans une affaire d’agression sexuelle. Les avancées de la Police Scientifique (génétique) rendent cet examen anecdotique.
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        Enregistrement des érection réflexe au cours du sommeil paradoxal, sur 5 nuits successives.


        Voir l’article : "Sexsomnies "

    • Intérêt thérapeutique de l’examen du contenu du rêve ?
      • État de "stress post-traumatique".
        Les psychothérapeutes font appel au souvenir des rêves récurrents qu’on voit dans les séquelles de traumatismes psychologiques sévères (conflits armés, incendies, agression, séquestration ...).
      • État de "stress professionnel".
        La présence de scènes de travail au cours de rêves au contenu désagréable est un symptôme reconnu de surmenage professionnel. Il doit être recherché en cas de troubles fonctionnels comme les "Troubles Musculo-Squelletiques" (TMS) qui donneraient lieu à des arrêts de travail à répétition.
        Cet état proche de la dépression, consécutif, selon nous, à un allègement du sommeil, peut lorsqu’il décompense, être à l’origine de suicides sur les lieux mêmes de l’entreprise.
        Le dépistage de ces rêves à contenu orienté est donc une démarche préventive indispensable à connaître.
        Voir l’article : "burn-out "
        Voir l’article : "Sommeil et dépression "
      • Sevrage des psychotropes (alcool, benzodiazépines, antidépresseurs, cannabis)
        Les périodes de sevrage des neurotropes (les produits qui agissent sur le système nerveux) sont presque toujours marquées par un rebond de sommeil paradoxal.
        Le sujet constate un retour de rêves plus vivaces.
        Voir l’article : "Alcool, drogues et somnifères"
        Le "Délirium tremens" (stigmatisé par la vision "d’éléphants roses") est interprété comme un rebond de SP qui se produit rapidement après le sevrage brutal d’alcool chez les malades alcooliques). Ici encore, il est évident que le contenu de ces hallucinations ne révèle aucun sens.


    Conclusion

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    « Nos idées ne dépendent pas plus de nous dans le sommeil que dans la veille »

    Sur un plan strictement médical, l’intérêt des rêves est donc très limité. Il n’est pas nécessaire de rêver pour se réveiller en forme.
    Selon nous, il faut simplement les considérer comme des épiphénomènes aléatoires qui témoignent de la persistance de l’activité corticale au cours de certaines phases du sommeil.
    Cette activité électrique "débordante" est également responsable de la stimulation des centres nerveux qui commandent les mouvements oculaires rapides caractéristiques du SP [8].
    De la même façon, des événements aléatoires (issus de l’activité liée au SP) peuvent parvenir à stimuler certaines régions du cerveau : les zones esthésiques (sensations visuelles, physiques) et affectives (plaisir, dégoût, peur, colère, honte ...).
    L’intrusion dans le scénario d’un rêve d’éléments en rapport avec des événements de la réalité est fréquente, ce qui donne à certains rêves leur caractère troublant.

    L’observation du visage d’un nouveau-né durant les périodes de sommeil "rapide" (équivalent du SP) est très intéressante parce qu’on y voit défiler, comme dans un film en accéléré, les mimiques qui reflètent les principaux sentiments humains.
    Les nouveau-nés rêvent-ils pendant le sommeil paradoxal ?
    D’après certains chercheurs comme le Pr Jouet, ce type de sommeil est indispensable à la maturation cérébrale et à l’établissement de circuits neurologiques "à blanc" qui formaterait notre communication non verbale.
    Cette hypothèse est controversée car il n’existe que très peu de souvenir de rêve avant l’âge de 4 ou 5 ans, alors que le sommeil y est particulièrement riche en SP.
    Quel que soit le rôle très probablement vital du sommeil paradoxal, il n’a jamais été démontré l’intérêt du rêve en tant que souvenir.

    En pratique, le dormeur qui en a l’opportunité doit savoir profiter des rêves pour les sensations qu’ils procurent, comme on le ferait d’un film, ou d’une pièce de théâtre, mais nous pensons qu’il ne faut pas nécessairement s’interroger sur leur signification.

    Du point de vue rationaliste qui anime ce site, nous ne pouvons que souscrire à la définition du Larousse Médical Illustré qui, en 1924, défini le rêve comme un simple « désordre psychique à contenu absurde et sans valeur pratique. » [9]


    Pour autant, il est très agréable d’observer avec curiosité le contenu des rêves, comme l’écrit, si justement sur son blog, l’auteur contemporain Éric Chevillard (près d’un siècle après Voltaire) :

    « Je ne crois pas au rêve comme rébus ou énigme dont le déchiffrement nous éclairerait sur nous-mêmes ou sur notre passé – ni forêt de symboles ni allégorie en costumes. Plutôt collage surréaliste de choses perçues, vues, entendues, sans parfois que l’on y ait pris garde.
    Et c’est pourquoi, malgré tout, il peut être instructif d’analyser ses rêves : comme on ferait défiler les bandes d’une caméra de surveillance en espérant y découvrir après coup un détail important enregistré à notre insu ».

    (Tirée du blog d’Éric Chevillard).


    Lire les autres articles du site à propos des états dissociés de conscience :

    On y trouve des éclaircissement scientifiques sur de nombreux phénomènes somnologiques longtemps considérés comme faisant partie du monde paranormal.
    On comprendra en quoi le rêve n’est pas le seul phénomène en rapport avec une dissociation sommeil paradoxal, et surtout, pourquoi il n’est pas toujours possible de trouver une signification interprétative à certains d’entre eux :

    • Lire l’article "Paralysies avec hallucination du sommeil".
    • Les catathrénies sont des parasomnies mal connues (et probablement en rapport avec le sommeil paradoxal), qui ont toujours données lieu à de nombreuses interprétations magico-religieuses : Cf : « Parasomnies catathréniques ».

      Certaines de ces catathrénies évoquent, par exemple, des soupirs de plaisir ( elles appartiennent au groupe des « Sexsomnies »), alors qu’il n’y a aucune pensée (consciente ou onirique) de nature érotique.

    • Le TCSP : « Trouble du Comportement en Sommeil Paradoxal ».est une parasomnie rare caractérisée par la reprise anormale du tonus musculaire au cours du sommeil paradoxal (phase du sommeil où l’on rêve le plus), ce qui donne lieu à des comportements involontaires surprenants ou parfois violents.
      Contrairement à ce qu’on laisse souvent croire, ces comportements ne sont pas toujours en rapport avec le contenu d’un rêve.


    Rappel : La SIESTE :



  • Observez (en ouvrant les vignettes) quelques phénomènes d’illusions visuelles très troublants.
    Il faut se méfier de ce qu’on "voit"... et encore plus de ce que l’on "croit"...


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    Quelques liens externes pour en savoir plus...

    Portfolio

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    Dans quel sens la "voyez-vous" tourner ?
    Les deux sens peuvent vraiment être vus selon l’influence du cerveau !
    A GAUCHE : Logique, séquentiel, rationnel, analytique, objectif, s’intéresse aux détails.
    A DROITE : Intuitif, aléatoire, irrationnel, synthétique, subjectif, s’intéresse à la totalité.

    [1"Le sommeil paradoxal apparait au cours de la vie fœtale, et précède le développement du psychisme éveillé. Il ne s’agit donc pas d’une conséquence de refoulements de la petite enfance ni d’une réponse à des besoins physiologiques insatisfaits : dans son œuf, le poussin rêve déjà". (Source ; "à quoi servent les rêves ?".

    [2Aristote par exemple source "fait du rêve prophétique une simple coïncidence (symbolon). Il se révèle en cela extrêmement moderne dans une société qui entretient encore (et pour longtemps) avec le monde un rapport surnaturel".

    [3Dr Allan Hobson, Professeur émérite de psychiatrie à l’école de Médecine de Harvard : "l’hypothèse de l’activation-synthèse pose que les rêves sont aussi significatifs que possible dans les conditions de travail défavorables pour le cerveau en état de sommeil paradoxal. Le cerveau-esprit fait de son mieux pour attribuer un sens aux signaux engendrés intérieurement. C’est cet effort synthétique qui confère aux rêves toute leur cohérence thématique. Il se peut également que leur caractère apparemment prophétique résulte de la tension d’intégration nécessaire à l’effort de synthèse. Le cerveau-esprit est susceptible d’en appeler à ses mythes les plus profonds pour fournir aux données un cadre narratif.

    [4L’explication des rêves était une chose si commune, qu’on ne se bornait pas à cette intelligence ; il fallait encore deviner quelque fois ce qu’un autre homme avait rêvé. « Nabuchodonosor ayant oublié un songe qu’il avait fait, ordonna à ses mages de le deviner, et les menaça de mort s’ils n’en venaient pas à bout ; mais le Juif Daniel, qui était de l’école des mages, leur sauva la vie en devinant quel était le songe du roi, et en l’interprétant. Cette histoire et beaucoup d’autres pourraient servir à prouver que la loi des Juifs ne défendait pas l’oniromancie, c’est-à-dire la science des songes. »
    Voltaire, Dictionnaire philosophique ou la raison par l’alphabet, "Somnambules et songes".

    [5"Dès l’âge de 13 ans, le marquis Léon d’Hervey de Saint-Denys note chaque jour ses rêves. En 1867, il publie Les Rêves et les moyens de les diriger, où sont consignées toutes ses observations sur les songes. Il y développe en particulier l’idée d’une faculté hors du commun, celle " d’avoir conscience en dormant de notre situation véritable ". A partir de cette hypothèse, Hervey de Saint-Denys a proposé plusieurs clés censées permettre au rêveur d’agir sur ses songes." (source)

    [6"Plusieurs des premières tribus américaines telles les Ojibwa des Grands Lacs ont étendu leur utilisation d’incubation de rêves bien au-delà d’un simple but thérapeutique. Les jeunes personnes s’embarquaient dans une quête de rêves ou de visions, dans le désert, comme rituel pour le passage de l’enfance à l’âge adulte et jeûnaient et priaient jusqu’à ce que le rêve incubé se réalise. Bénis par le rêve leur ayant apporté directives et révélations à propos de talents encore non manifestés, les jeunes retournaient à la tribu avec la responsabilité d’appliquer et de partager leurs talents au profit de la communauté."
    Source : Le rêve ; applications pratiques.

    [7Selon la même logique (en dehors de quelques cas particuliers), l’interprétation du contenu onirique nous paraît tout aussi illusoire que le fait de vouloir comprendre le trajet d’une étincelle en marge d’un feu de bois.

    [8Activité ponto-géniculo-occipitale : (PGO) Activité spécifique du sommeil chez l’animal responsable des mouvements oculaires rapides. Elle n’a pu être enregistrée que très indirectement chez l’homme au moyen d’électrodes placées au niveau de la région occipitale.

    [9Déjà, les grands penseurs du siècle des Lumières avaient compris les limites du rêves : « Les songes ont toujours été un grand objet de superstition ; rien n’était plus naturel. Un homme vivement touché de la maladie de sa maîtresse songe qu’il la voit mourante ; elle meurt le lendemain : donc les dieux lui ont prédit sa mort. Un général d’armée rêve qu’il gagne une bataille ; il la gagne en effet : les dieux l’ont averti qu’il serait vainqueur. On ne tient compte que des rêves qui ont été accomplis ; on oublie les autres. » (VOLTAIRE, 1757, Dictionnaire philosophique).