Sommeil et médecine générale

"Dormir peu, dormir mieux, vivre mieux."

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Néologismes somnologiques

"Trouble du sommeil"
De quoi parle t’on dans cet exemple : Insomnie ? somnolence ? fatigue ?
"Selon une enquête de l’INPES de mars 2008, 62 % des Français ont des troubles du sommeil : difficulté à s’endormir, à récupérer, etc"

jeudi 9 novembre 2006, par guilhem

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On constate dans ces amalgames des lacunes de vocables assez frappantes.
La médecine du sommeil semble souffrir d’une double carence : un manque de définition et un manque de vocabulaire.
Il s’avère parfois très difficile de distinguer des symptômes pourtant aussi divergents que l’insomnie et la somnolence dont les causes et les conséquences sont pourtant diamétralement opposées. ([Cf. "Fatigue ou somnolence ?").
Mais au-delà de ce problème de linguistique, notre pratique nous à conduit à enrichir le vocabulaire de quelques mots nouveaux...
- Ces néologismes somnologiques seront utiles pour éviter certains oxymores comme une « insomnie hypersomniaque », ou « fatigué sans avoir sommeil ».
- Ils sont nécessaires pour comprendre le mode d’emploi du sommeil (et son autogestion pour rester en forme).
- Ils s’accordent avec les conceptions modernes d’horloge interne (chronobiologie) indispensable à toute prise en charge thérapeutique de la plupart des troubles.
Il est admis par exemple que le sommeil ne doit plus se concevoir sur un plan quantitatif mais qualitatif : une heure de sommeil n’a pas la même valeur selon qu’elle se produit en début ou en fin de nuit, le matin ou lors d’une sieste.
- Ils permettent de mieux définir la notion de sommeil inefficace, à l’origine selon nous de la plupart des pathologies fonctionnelles rencontrées en médecine générale.

Ainsi le site "Sommeil et médecine générale" est fier de revendiquer la paternité de certains vocables comme : "Somnicament" (somnosomatique, somnotoxique), ou "Hyposommeil", et tout récemment (grâce au forum), du joli verbe "Somnicoter".

Voir aussi le "Glossaire" du site "Sommeil et médecine générale" pour les définitions des mots techniques ou peu usités.


Somnologie,
Somnologue,
Somnicologie,
Somnicoter,
Hyposommeil,
Somnosomatique,
Syndrome d’hyposommeil,
Somnotoxique,
Somnicament,
Sieste, mode d’emploi,
morning-lag,
Somno-lenfance,
Pseudo vrai malade,
Pseudo faux malade.


La prise en compte des implications du sommeil dans ces pathologies encore mal comprises permettrait de rétablir les bases d’un dialogue médecin-malade plus constructif.
Le concept "d’Insuffisance Fonctionnelle du Sommeil" que nous proposons dans la section "Médecine générale et Sommeil", peut aider à mieux prendre en charge une grande variété de troubles qui présentent en commun les caractéristiques d’un sommeil inefficace. Ces symptômes sont handicapants, inquiétants, capricieux... mais finissent tous par guérir sans séquelle (Cf "Troubles Fonctionnels").

  • "Somnologie" :
    (ou hypnologie) [1]. Spécialisation médicale d’apparition récente (années cinquante : explorations du sommeil paradoxal ; Pr W. Dement aux États-Unis et Pr M. Jouvet à Lyon) [2] qui se propose de comprendre et de soigner les troubles du sommeil.
    D’abord cantonnée aux laboratoires d’enregistrement du sommeil des services de neurologie des CHU, cette science s’individualise en 1986 avec la création de la Société Française de Recherche sur le Sommeil (SFRS).
    Pour autant, alors que les troubles du sommeil sont davantage responsables de mortalité que les maladies cardio-vasculaires ou les cancers, la somnologie reste encore le parent pauvre de l’enseignement médical et des thèmes de santé publique.
    En 2003, les pouvoirs publics s’engagent sur la voie de la reconnaissance de la spécialité par la création d’une rubrique spécifique dans les annuaires et la possibilité d’exercice libéral exclusif pour les détenteurs du diplôme de la SFRS.
    2005 voit la création de l’ISV (institut Sommeil et Vigilance), émanation de la nouvelle SFRMS (Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil) pour faire pression sur les pouvoirs publics (avec le soutien financier des laboratoires pharmaceutiques).
    En 2007, le ministre de la santé lance un "PAS" : plan d’action pour le Sommeil.
    À suivre...

  • "Somnologue" :
    (ou hypnologue) : Médecin du Sommeil et de l’Éveil, ou médecin de la Vigilance et de la Somnolence (diplôme "Inter-Universitaire" National organisé depuis 1986 par les laboratoires d’exploration du sommeil et la SFRS).
    Comme le dit clairement l’énoncé de leur diplôme, les médecins somnologues (ou hypnologues) sont spécialisés pour comprendre et soigner les problèmes de somnolence et d’insomnie.
    Les problèmes de fatigue leur sont souvent moins familiers. Ils ne donnent pas lieu à beaucoup de publications tandis qu’au cours de leur pratique (principalement hospitalière), les médecins somnologues ne rencontrent pas le cortège de troubles fonctionnels que la fatigue occasionne (selon nous).



  • "Somnicologie" :
    Application des règles de la médecine du sommeil et de la chronobiologie à la compréhension et au traitement des troubles fonctionnels.

    Conception un peu futuriste de la somnologie élargie aux pathologies de médecine générale. L’éclairage des connaissances sur le sommeil permet de mieux prendre en charge de nombreuses maladies liées à la fatigue (et qui donnent souvent lieu à un certain malentendu de la part du corps médical).
    Au-delà des problèmes médicaux proprement dits, la somnicologie s’étend aussi à la gestion des rythmes de vie dans la société moderne.
    Nous pensons que le monde de demain présente, sur ce plan du rythme veille-sommeil, un véritable défi qu’il est pertinent d’aborder comme le font les navigateurs solitaires. La réduction de la durée de sommeil est un mal des temps modernes. Elle a chuté de neuf heures en 1900 à sept heures et demi (voire même en-dessous des cinq heures aujourd’hui aux USA).


  • "Somnicoter" :
    Savoir dormir en fonction des circonstances et en harmonie avec ses propres caractéristiques somnologiques.
    Cuisiner son sommeil en bon gastronome en fonction des ingrédients disponibles.
    Tricoter son sommeil sur mesure maille à maille, pour le plaisir.
    Pour somnicoter, il faut impérativement faire le distinguo fatigue/somnolence, et connaitre les mécanismes chronobiologiques du sommeil.
    Verbe dont les droits d’auteur (et la révérence) vont à Senga et à Cécile sur le Forum du site.


  • "Somnotoxique " :
    Qualifie ce qui a la propriété de dégrader le sommeil tant sur le plan quantitatif (la télévision, internet, jeux vidéo, travail posté, sorties...) que qualitatif (événements de vie, décalages horaires, alcool, drogues... ).
    Nb. Selon nous, la notion de "stress" est trop limitée à l’impact "psychologique" d’une agression. En pratique l’effet somnotoxique des événements de vie se manifeste (en cas de décompensation) par des troubles fonctionnels qui surviennent parfois indépendamment de la souffrance morale ou de l’angoisse. (En clair, gagner le gros lot du loto ou marier ses enfants n’est pas forcement considéré comme un "stress négatif" mais peut quand même aboutir à un lumbago par son effet somnotoxique).
    Un autre exemple est celui du jetlag (Cf.) qui représente un traumatisme chronobiologique extrêmement somnotoxique en dehors de tout "stress" particulier.


  • "Hyposommeil" :
    Sommeil inefficient.
    Le "rendement" du sommeil est inversement proportionnel à sa durée. Certains troubles chronobiologiques peuvent conduire à une insuffisance fonctionnelle du sommeil se traduisant par l’impossibilité de retrouver des forces en dormant.
    Le sujet passe beaucoup de temps à se reposer et au début arrive même à dormir beaucoup plus, mais ce sommeil ne lui procure plus l’essentiel : le repos et la bonne forme. Le malade se plaint d’une fatigue similaire à celle que ressent un sujet insomniaque.
    Voir "Fatigue ou Somnolence ?"
    - en conditions expérimentales, un sujet privé de sommeil est rapidement atteint de somnolence. Il a sommeil et s’endort très rapidement après 1 à 2 nuits sans dormir.
    - un sujet atteint d’insomnie se croit privé de sommeil parce qu’il se sent fatigué, mais n’arrive pas facilement à s’endormir car il n’est pas somnolent.
    Nous considérons que le sujet qui souffre de ce sommeil inefficace présente un tableau qui regroupe des signes communs au Syndrome d’hyposommeil (Cf.).
    Selon nous, l’insomnie pourrait être une forme avancée du syndrome d’hyposommeil où le malade fatigué n’arrive plus à dormir à force d’essayer de se reposer.Cf. "Vouloir Dormir".
    Ainsi ce serait la fatigue résultante de l’hyposommeil qui serait responsable des éveils nocturnes et non l’inverse.

    "Hypersommeil" : Le concept d’hypersommeil découle (par symétrie) de celui d’hyposommeil.
    - Compte tenu de la variation individuelle quant à la durée du sommeil, il est possible de concevoir que certains sommeils soient plus efficaces que d’autres.
    - Les connaissances chronobiologiques contribuent, sous certaines conditions, à augmenter l’efficacité du sommeil et permettent ainsi d’en réduire la durée à moins de 4h sur 24 (voir sommeil polyphasique du militaire ou du navigateur par exemple). Les sujets courts dormeurs seraient ainsi génétiquement plus avantagés que les autres en terme de rendement.


  • "Somnosomatique" :
    Qualifie tous les symptômes qui témoignent d’une situation d’hyposommeil en cours de décompensation. Par leur fonction de signal d’alarme (cf.) à tous les stades de la maladie (cf.), ces symptômes sont extrêmement variés (on les dit "ubiquitaires" car ils peuvent intéresser n’importe quel organe).
    Ils possèdent quatre caractéristiques communes :
    • handicapants : arrêt de travail, impossibilité de se lever, de bouger... (migraine, lumbago, vertige...)
    • capricieux : évolution désespérante malgré le traitement et rémissions spontanées miraculeuses (ce qui donne lieu à toutes sortes de croyances irrationnelles)
    • inquiétants : ce qui donne lieu à une spirale de consultations, d’examens complémentaires et de traitements très difficiles à contrôler avec risque de complications iatrogéniques.
    • et bénins : en-dehors des complications médicales, malheureusement très fréquentes (pathologie à gros "risque iatrogénique"), l’évolution à long terme est malgré tout excellente.


    Devant l’absence de cause décelable, ils sont souvent considérés comme d’origine "psycho-somatique". On considère alors que le terrain psychologique en est le moteur.
    Par définition, leur intensité va de pair avec le degré de "résistance" ou de "surdité" du malade.
    La guérison spontanée est fréquente mais certaines formes cliniques particulièrement invalidantes peuvent être qualifiées de "malignes" (Cotorep, Arrêt Longue Durée).


  • "Syndrome d’hyposommeil" :
    Regroupement de l’ensemble des symptômes traduisant des signes d’insuffisance fonctionnelle du sommeil (les troubles fonctionnels, la spasmophilie (ou tétanie), la fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique).
    Nous formulons ici l’hypothèse qu’un déficit qualitatif du sommeil représente le mécanisme physio-pathologique commun à tous ces symptômes qui traduisent des signes de décompensation du système.


  • Les "Somnicaments" : :
    "Le Sommeil est un médicament".
    La compréhension de l’importance des rythmes chronobiologiques et de la notion d’hyposommeil peut ouvrir la voie à une nouvelle piste thérapeutique vis-à-vis des troubles fonctionnels.

    Les principaux somnicaments scientifiquement validés sont :

    • la sieste
    • la lumière
    • la chaleur
    • le sport
    • l’alimentation
    • d’autres, comme le rire, le plaisir ou l’amour sont encore à l’étude... (sic).
      Nb. Comme tout médicament actif, les somnicaments peuvent présenter des effets indésirables (somnotoxiques).
      La sieste, par exemple, peut contribuer à aggraver la fatigue (les migraines, les torticolis...), elle est formellement contre-indiquée dans les cas d’insomnie.



  • Sieste, mode d’emploi :
    La sieste est un somnicament très puissant qu’il convient de savoir utiliser avec précaution.
    Le "DiDal-smg" (le dictionnaire des Somnicaments) précise tout ce qu’il faut savoir sur l’utilisation prudente et circonstanciée de la sieste.
    Lire la notice grand public.
    Lire la fiche RCP destinée au professionnel de santé.



  • Morning-lag :
    Le néologisme morning-lag est un anglicisme issu du terme "jet-lag" (de jet : avion, et lag : décalage) qui signifie syndrome de désynchronisation des horloges internes dû aux voyages en avion qui traversent plusieurs fuseaux horaires.
    Le "morning-lag" représente les conséquences du décalage horaire provoqué par la survenue d’un sommeil matinal trop tardif. Ce sommeil de récupération qui survient trop tardivement dans la matinée, exerce un effet "somnotoxique très puissant vis-à-vis des horloges du sommeil.



  • Échelle de somnol-enfance :
    Une échelle de somnolence adaptée à l’enfance, sur le même modèle que l’échelle de somnolence d’Epworth utilisée couramment chez l’adulte.



  • "Pseudo vrai malade" :
    Celui qui soigne une maladie perçue à tort comme responsable de troubles fonctionnels somnosomatiques, ce qui fait qu’il consomme beaucoup de médicaments et consulte en pure perte à chaque nouveau malaise.


  • "Pseudo faux malade" :
    C’est le malade incompris : "le SDF, sans domicile fixe de la médecine". Celui qui souffre de troubles fonctionnels somnosomatiques qui, parce qu’ils ne répondent à aucun traitement, sont étiquetés "psychosomatiques" ou imaginaires.



PS. Voir aussi le "Glossaire" du site, accessible en haut à droite de chaque page.



Voir aussi le "Glossaire" du site "Sommeil et médecine générale".


[1Nous préférons les termes "somnologie" et "somnologue" qui sont encore absents des dictionnaires plutôt que "hypnologie" et "hypnologue" qui font trop référence au domaine (plus limité) de l’hypnose (qui est un état de conscience transitionnel entre la veille et le sommeil)

[2La découverte d’un nouveau stade physiologique au cours du sommeil relève de la sérendipidité.
Son mérite en revient en réalité à un jeune étudiant, Eugène Aserinsky, qui crut tout d’abord à un défaut technique de l’appareil détecteur de mensonge qu’il utilisa pour explorer le sommeil de son fils afin de vérifier si les secousses oculaires qu’il avait observées chez le nourrisson se produisaient chez l’enfant plus grand.
Eugène Aserinsky et son maître Nathaniel Kleitman, publièrent leur découverte en 1953, début de la médecine du sommeil moderne.
Eugène Aserinsky (1921-1998) est mort à 77 ans au cours d’un accident de voiture, en percutant un arbre (sources New York Times, 7 août 1998), et peut-être en rapport avec la somnolence diurne excessive !