Sommeil et médecine générale

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Sieste - Fiche détaillée

Comme tous les remèdes puissants, la sieste présente des contre-indications et des effets indésirables.
Lire attentivement la notice.

mardi 14 novembre 2006, par guilhem

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La sieste est un "somnicament" très puissant !

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Doc Dodo


Le Dictionnaire "DiDal pro-Smg°" est un "Livre imaginaire" de Docdodo pour le site Sommeil et médecine générale, qui fournirait les informations exhaustives, officielles et actualisées sur les "somnicaments".
Si ce livre existait, on y trouverait, à côté de la sieste, les caractéristiques et le mode d’emploi des autres "somnicaments" validés que sont : la lumière, l’alimentation, la chaleur, le plaisir et les contacts sociaux [1].

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SIESTE : RCP (Résumé des Caractéristiques du Produit : "SOMNICAMENT")

  • FORME ET PRÉSENTATION :

    Épisode de sommeil intentionnel, survenant de préférence en début d’après-midi au moment physiologiquement propice à l’endormissement (en relation avec la baisse cyclique de la température corporelle).

    La sieste est normalement constituée de sommeil lent léger (stades 1 et 2). Le passage en sommeil paradoxal (souvenir de rêves, plis du drap imprimés sur la peau, érection au réveil) est considéré comme pathologique durant la sieste (cf. posologie et précautions d’emploi).

  • INDICATIONS :

    La sieste est indiquée dans le traitement curatif ou préventif de la somnolence diurne excessive.

    • Sieste curative :
      - compensation d’un déficit de sommeil par privation volontaire, ou lever très matinal (travail de nuit, travail posté)
      - compensation du besoin de sommeil majoré dans le cas de pathologie aiguë (infectieuse, métabolique ou dégénérative)
      - traitement de certaines parasomnies de l’enfant (énurésie, terreurs nocturnes, somnambulisme) par diminution du sommeil lent profond nocturne
    • Sieste préventive :
      - constitution d’un crédit de sommeil chez les travailleurs postés ou de nuit
      - hygiène du sommeil dans la narcolepsie et l’hypersomnie idiopathique
    • Sieste physiologique :
      - grossesse
      - enfant de moins de 6 ans
      - 3e âge : voir plus bas
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    doit être introduite avant 8 ans

  • POSOLOGIE :

    Le rythme et la durée de la sieste varient en fonction du besoin de sommeil de chacun. Ce besoin dépend du chronotype individuel (caractère vespéral ou matinal, court ou long dormeur, souple ou rigide) ainsi que du mode de vie.

    D’une manière générale, la sieste doit demeurer courte et circonstanciée.

    • Sieste curative : 20 à 40 minutes maximum (en début d’après-midi).
      Une durée plus longue occasionne des troubles durables de l’attention. L’Université de Harvard a comparé les résultats de tests de vigilance et les tests de mémoire après 30 et 60 minutes de sieste et montré que c’est la sieste la plus courte qui est la plus efficace.
      Une durée de sieste supérieure à 60 minutes autoriserait la survenue de sommeil paradoxal (le délai d’apparition du SP est supérieur à 60 mn) et risquerait d’induire de profondes détériorations du sommeil la ou les nuits suivantes.
      La "sieste flash" est une période de relaxation les yeux fermés qui permet quelques minutes de sommeil parfois très réparateur. À utiliser en cas d’urgence. Doit demeurer exceptionnelle et être réservée à l’usage professionnel (navigateurs, militaires, sportifs ... et femmes enceintes).
    • Sieste préventive : la plus longue possible pour constituer un crédit de sommeil avant une prise de poste lors d’un travail de nuit ou dans le cas de conduite automobile prolongée, de réveillon, de navigation en solitaire, etc. ...

  • MODE D’ADMINISTRATION :

    À pratiquer en début d’après midi, de préférence en position allongée, dans la pénombre, le calme et le silence.
    La sieste doit s’inscrire dans la phase descendante de la température du corps qui survient après 13h.

  • CONTRE INDICATIONS :

    Contre-indications absolues :

    • Insomnie :
      La sieste exerce un puissant effet anti-sommeil nocturne chez l’insomniaque (c’est par contre le meilleur moment pour s’adonner à la pratique de la relaxation).
    • Syndrome de retard de phase :
      La sieste aggrave le retard à l’endormissement du soir.


    Contre-indications relatives :

    • Personne âgée :
      L’inactivité ou la sieste trop prolongée peut favoriser l’insomnie nocturne chez les personnes âgées. L’utilisation intempestive de somnifères majore, tout particulièrement à cet âge, la somnolence diurne et constitue un dramatique cercle vicieux. (En France, l’immense majorité des personnes âgées consomme un ou plusieurs médicaments sédatifs).
    • Fibromyalgie :
      La reprise progressive et le maintien d’une activité physique éveillante, douce mais régulière, fait partie de la prise en charge de la fatigue et des syndromes d’hyposommeil (alors que le sentiment du malade est qu’il ferait mieux de se reposer).
      Il est au contraire préférable de limiter au maximum le risque de sommeil diurne dans ces cas où la plainte concerne plus la fatigue que la somnolence elle-même.
      La prise en charge de la fibromyalgie repose sur le choix de schémas cognitifs et comportementaux résolument tournés vers l’éveil. La période de somnolence "post prandiale est donc un bon moment pour s’astreindre à la pratique d’un bain très chaud.
    • Enfant après 8 ans ou enfant très court dormeur :
      Le besoin de sommeil est aussi variable chez l’enfant que chez l’adulte. Certains enfants ne font plus la sieste dès 2 ou 3 ans, il est inutile voire toxique de les obliger à dormir (conditionnement négatif autour du sommeil et risque d’insomnie à l’âge adulte).

      Nb. Il faut savoir aménager la possibilité de dormir pour tous les enfants jusqu’à 6 ou 7 ans l’après-midi. Pour ceux qui ne s’endormiront pas et pour les plus grands, iI y a lieu de réserver cette période à des activités de libre détente car c’est la moins propice aux activités intellectuelles soutenues. En clair, il faudrait pouvoir ne pas commencer l’après-midi par les apprentissages difficiles.
      Après 7-8 ans, la sieste est suspecte et doit conduire à un avis médical.

      Source : Prosom

    • Adolescence :
      Le besoin de sieste réapparaît à l’adolescence. Il est à distinguer de la « grasse matinée » du week-end qui, certes, permet de compenser le déficit de sommeil accumulé, à cet âge, au cours de la semaine mais joue parfois un rôle aggravant dans les syndromes de retard de phase. Trois facteurs se cumulent pour provoquer une insomnie le dimanche soir ce qui fait commencer la semaine avec un gros déficit de sommeil.
    • Dépression nerveuse :
      La sieste exerce parfois un effet aggravant ("dépressogène") chez le malade à tendance dépressive. Un tableau de somnolence diurne excessive avec insomnie du matin peut être le signe d’appel d’une authentique dépression. Ici, le trouble du sommeil est secondaire aux troubles de l’humeur et leur amélioration sera un bon signe prédictif de l’efficacité des médicaments antidépresseurs.
      Dans certains services de psychiatrie moderne on soigne les malades atteints de dépression sévère par privation de sommeil une nuit sur quatre. La nuit blanche exerce un effet dynamisant sur ces malades fatigués (mais pas somnolents).

  • MISE EN GARDE et PRÉCAUTIONS D’EMPLOI :

    Mise en garde :
    La sieste curative risque d’entamer le capital sommeil de la nuit suivante et générer un retard à l’endormissement avec insomnie du soir et difficultés lors du réveil programmé le lendemain (avec constitution d’une dette de sommeil dès le début de la semaine).
    Chez l’enfant, une sieste trop longue retarde l’endormissement du soir (agenda du sommeil). La persistance de la sieste après 10 ans ou la réapparition inexpliquée de la sieste chez un adulte doit conduire à une exploration du sommeil.

    Précautions d’emploi :
    Respecter les indications et contre-indications de manière à ne pas masquer un possible trouble du sommeil (syndrome d’apnée, mouvements périodiques, narcolepsie etc. ...)

  • INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES :


    La prise de médicaments sédatifs le soir majore la somnolence pathologique dans la journée et favorise ainsi l’insomnie d’endormissement les jours suivants, constituant le point de départ du cercle vicieux de l’insomnie. (Voir l’article Insomnie : Vouloir dormir)

    En cas de consommation occasionnelle, l’alcool majore les risques liés à une somnolence pathologique. Chez un alcoolique chronique par contre, l’alcool diminue l’efficacité des somnifères.

    Il y a lieu d’une manière générale d’éviter les repas trop copieux avant de dormir, mais la faim favorise la synthèse d’une hormone éveillante et il est bon de ne pas se coucher le "ventre creux".

    Le café et le thé masquent la sensation de somnolence du début d’après-midi et peuvent contrarier les mécanismes de compensation d’une dette de sommeil que représentent les siestes courtes (ils sont déconseillés aux navigateurs en solitaire par exemple).

  • GROSSESSE et ALLAITEMENT :

    La sieste est fortement indiquée dés le début de la grossesse (hypersomnie physiologique).
    La femme allaitant un nourrisson doit apprendre à bien gérer les réveils nocturnes des premiers mois par des siestes synchronisées sur celles de son bébé. Cette connaissance des vertus de la sieste est précieuse avant l’établissement du rythme jour-nuit du bébé.
    (Voir l’article Sommeil du nourrisson)

  • EFFETS INDÉSIRABLES :


    - Migraine et mal de tête. Les sujets migraineux rapportent souvent que chez eux, la sieste provoque une crise qui témoigne d’un trouble chronobiologique.

    - Insomnie (par effondrement de la pression de sommeil).

    - Retard de phase du sommeil (voir mise en garde)

    - Confusion en cas de réveil brutal en sommeil lent : syndrome d’Elpénor (du nom de ce compagnon d’Ulysse qui se tua lors d’une confusion au réveil). La survenue d’un réveil en phase de sommeil lent profond peut donner lieu à des comportements somnambules dangereux (conduite à contre-sens sur autoroute, chute, etc...).
    Nb : La présence d’éveils confusionnels doit attirer l’attention sur une éventuelle hypersomnie idiopathique.

    Lignes directrices sur les sommes À bord des avions longs-courriers, les pilotes sont autorisés à pratiquer des siestes sous réserve de précautions au réveil (délai de sécurité, lampes de luminothérapie).

  • EFFET SUR LA CONDUITE D’UN VÉHICULE :

    Les études montrent qu’une pause de 15 minutes autorisant quelques minutes de sommeil toutes les deux heures permet de restaurer un parfait niveau de vigilance chez les conducteurs de très longues durées.

    Par contre, il est dangereux de conduire un véhicule en période de somnolence diurne (entre 14 et 17h, voir effets indésirables), notamment chez un sujet en privation de sommeil ou habitué à pratiquer la sieste régulièrement (Cf. dépendance).

  • SURDOSAGE :


    - Apparition d’insomnie et d’hyposommeil, somnolence diurne et fatigue chronique.

    - Dépendance : la sieste est inscrite dans le rythme biologique pour permettre l’adaptation de l’organisme aux contraintes de privation sur le sommeil nocturne, mais c’est aussi une habitude de vie qui peut obéir à un conditionnement circonstanciel ou culturel. Ainsi, en Espagne, le gouvernement actuel essaie, sans succès, de modifier cette habitude peu conforme aux exigences de la mondialisation.

  • PHARMACODYNAMIE :

    Anti-somnolence (N : système nerveux)


    La sieste présente un effet éveillant, non amphétaminique, améliorant la vigilance. Elle s’oppose à la diminution des performances cognitives (notamment mnésiques), psychomotrices et neurosensorielles induites par la privation expérimentale de sommeil.

    Chez les primates supérieurs (gorilles), la sieste n’est pratiquée spontanément que par 10% des individus.

    Chez l’homme moderne la sieste serait un besoin ressenti par 25 à 50 % de la population mais une faible part serait en situation de pouvoir s’y adonner.

    La survenue de la sieste (à certaines périodes au cours des 24 heures) répond à la commande d’une horloge biologique, mais n’apparaît chez l’homme qu’en situation de privation de sommeil nocturne.

    C’est le cas traditionnellement dans les pays chauds où il est plus agréable de se coucher tard pour profiter de la fraîcheur.

    C’est aussi le cas pour les travailleurs de nuit ou du matin extrême (boulanger, agents d’entretien ...).

  • PHARMACOCINÉTIQUE :

    La sieste doit impérativement être pratiquée lors de la période physiologique de vigilance minimum qui correspond à la baisse de la température corporelle.
    Ce portail propice à la survenue de sommeil lent (réparateur) se situe en début d’après-midi (entre 13h et 15h30).
    La survenue de la somnolence est rythmée par le cycle de la température, de la mélatonine et du cortisol.
    Attention, contrairement à l’idée la plus répandue, la survenue de la sieste en début d’après-midi n’est pas dépendante du repas. Elle peut se produire, même à jeun, si le sujet est en privation de sommeil.

  • AVERTISSEMENT :


    1°) La survenue de sommeil en phase de température ascendante (la "grasse matinée" ou la sieste tardive) favorise la survenue de sommeil paradoxal dans la journée et risque de bouleverser les horloges biologiques.

    2°) Chez l’adulte, la prolongation de la sieste au-delà de 20 minutes peut exposer au risque d’insomnie.

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Colette dort autant que son chat.

LISTE II

  • AMM : Trois à six millions d’années.
  • Prix : Gratuit ; "La sieste, un plaisir qui ne coûte rien"
  • Remboursement Sécurité sociale : 0%
  • Agréée aux collectivités.


Consulter ici la fiche "grand public" dans le "Didal-Smg du particulier-smg".
Voir l’article sur les autres "Somnicaments".


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Quelques liens externes pour en savoir plus...



[1Le sport est une association somnicamenteuse puisqu’il agit sur le sommeil par l’effet conjugué d’au moins deux, voire trois ou quatre des somnicaments.
Le rire et l’amour font aussi partie des somnicaments qui améliorent notablement le sommeil.