Sommeil et médecine générale

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Fais dodo ... Le Dodo !

"Les Dodos n’ont jamais peur, les Dodos n’ont jamais froid !"
(Chanson du film d’animation Pixar "l’Âge de Glace", Chris Wedge et Carlos Saldanha 2002).

samedi 26 mai 2007, par guilhem

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Musée d’histoire naturelle de Londres (Photo Smg)

Le Dodo ou Dronte de son vrai nom (Didus ineptus, jusqu’en 2002) était un "pigeon terrestre géant" (famille des gallinacés), qui vivait sans prédateur sur l’ïle Maurice avant l’arrivée des premiers colons en 1600 (rencontre qui leur fut fatale en moins d’un siècle...).

Selon la légende, les marins s’amusèrent de l’absence de crainte de cet oiseau gentil et maladroit. Ils prirent cette familiarité pour de l’innocence docile, d’où viendrait l’origine de l’expression enfantine "fait dodo", dans le sens de "sois sage"...

L’étymologie la plus couramment admise est que le mot viendrait du portugais "doido" qui signifie nigaud, simplet, idiot ou stupide. Mais d’autres sources avancent le mot hollandais "dodoor" qui signifie paresseux.


En 1619 le célèbre navigateur Hollandais Willem Ysbrandtsz Bontekoe (capitaine du Nieuw-Hoorn, un trois mats au destin funeste), fait une première description du Dodo qu’il appelle "Solitaire de Bourbon" (Bourbon est le nom donné par Louis XVIII à l’île de la Réunion jusqu’en 1848).

Le premier groupe de marins censé être arrivé sur les îles Maurice était mené par le capitaine Portugais Pédro de Mascaregnas en 1507 (d’où le nom de l’archipel des Mascareignes).
Les dernières évocations de Dodo vivant sur l’île de la Réunion dateraient de 1746.
Son extinction fut si rapide que l’on en vint à douter jusqu’en 1865 qu’il ait jamais existé !

Le Dodo, ou Dronte de Maurice (Raphus cucullatus), est un oiseau disparu, de la famille des raphidés (Ordre des columbiformes, comme la colombe ou le pigeon).


Cette espèce vivait autrefois dans l’archipel des Mascareignes où, du fait de l’absence de prédateurs, elle avait perdu son aptitude au vol.

L’ancêtre du Dodo savait voler mais il a trouvé sur ces îles un biotope qui lui permit de vivre et nicher paisiblement à même le sol pendant des siècles sans plus avoir besoin de voler ni même de courir (contrairement à l’autruche ou au dindon qui ont su développer la course à pied ...).

Nous ne connaissons rien sur le Dodo au sujet des périodes de fécondation et d’incubation.

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http://michiganscienceart.com
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Didus "ineptus"


Quelques témoins ont décrit les nids de Dodo comme étant profondément cachés dans la forêt, mais à même le sol, dans un lit d’herbe. Là, la femelle pondait un œuf qu’elle savait transporter lorsque c’était nécessaire pour le protéger.
Un marin aurait comparé le cri d’un jeune Dodo dans son nid à celui d’une jeune oie. " (Fuller, 1987 ; Greenway, 1958)

Source : University of Michigan Museum of Zoology (ADW : Animal Diversity Web).

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Du naturaliste G. Edwards
1759

Le Dodo semblait pouvoir avaler des pierres et des pièces de métal, peut-être comme le font les volailles pour leurs coquilles (ou comme les pies par "curiosité").
Ce "talent" a fait du Dodo une célébrité des montreurs de foire. C’était "l’oiseau exotique qui se nourrit de cailloux" (Fuller, 1987 ; Strickland et Melville, 1848).

Leurs nids furent pourtant dévastés par les prédateurs introduits par l’homme dans leur écosystème (chiens, chats, chèvres, rats, singes, cochons), alors que les marins les chassaient pour leur chair (12 à 25 kg) et que les plumes de leur drôle de queue étaient paraît-il très appréciées pour l’ornement des chapeaux des dames au 17° siècle.

Source : Guide touristique de l’Ile de La Réunion.
En 1618, Bentekoe, voyageur hollandais, séjourna à Bourbon 21 jours. Il raconte dans son journal "Le naufrage de Bontekoe & autres aventures en mer de Chine" (1618-1625) : [1] ) :
"Il s’y trouvait aussi des Dod-Ersen qui avaient des petites ailes et qui étaient loin de pouvoir voler. lls étaient si gras qu’ils pouvaient à peine marcher et quand ils cherchaient à courir, ils roulaient par terre."

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On trouve encore des renseignements sur les Dodos dans les récits de plusieurs voyageurs hollandais : Cornélius Matelief 1606 ; Van der Hagen 1607 ; Sir Thomas Herbert 1627.
"Il y a de curieux oiseaux qui ne descendent jamais au bord de la mer et qui sont si peu accoutumés à la vue de l’homme ou effrayés par sa présence qu’on peut les tuer avec une canne."

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De l’ADN a été prélevé sur un Dodo naturalisé. Son analyse a confirmé la parenté du Dronte ou Dodo avec les pigeons, les colombes et le Solitaire de la Réunion (Sciences et Vie n° 106, mai 2002).

Une réputation peu flatteuse...

"Représentez-vous un corps massif et presque cubique, à peine soutenu par 2 piliers très gros et très courts. La grosseur qui, dans les animaux, suppose la force, ne produit ici que la pesanteur. L’autruche, le touyou, le casoar, ne sont pas plus en état de voler que le dronte ; mais du moins ils vont très vite à la course, au lieu que le dronte paraît accablé par son propre poids, et avoir à peine la force de se traîner : c’est dans les oiseaux ce que le paresseux est dans les quadrupèdes ; on dirait qu’il est composé d’une matière brute, inactive, où les molécules vivantes ont été trop épargnées. Il a des ailes, mais ses ailes sont trop courtes et trop faibles pour l’élancer dans les airs ; il a une queue, mais cette queue est disproportionnée et hors de sa place : on le prendrait pour une tortue qui se serait affublée de la dépouille d’un oiseau ; et la nature, en lui accordant ces ornements inutiles, semble avoir voulu ajouter l’embarras à la pesanteur, la gaucherie des mouvements à l’inertie de la masse, et rendre sa lourde épaisseur encore plus choquante, en faisant souvenir qu’il est un oiseau."
(Source : BUFFON, Histoire Naturelle des oiseaux (Montbard, 1707 - Paris, 1788)).

Nb. Les pigeons ne sont pas des animaux si stupides qu’il n’y paraît et le Dodo malgré une apparence un peu "cartoon" n’était certainement pas si idiot que cela. Il a surtout eu la malchance d’assister à la disparition brutale de son habitat.

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Un signal fort : le bâillement


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"Dodo Raphus cucullatus"

"Sa tête, en partie nue, était coiffée d’un capuchon noir et le puissant bec, jaunâtre, était allongé et recourbé." (Wikipédia)

"Son grand bec pouvait infliger « une morsure effrayante » à l’occasion d’une menace pour lui-même ou pour ses petits et les Dodos ont également été décrits comme des chasseurs forts et avides".
(Strickland et Melville, 1848 ; Fuller, 1987)

Récit de voyage de Leguat (1691) à propos de Dodo :
"Ils n’ont presque point de queue, et leur derrière couvert de plumes est arrondi comme une croupe de cheval. Ils sont plus hauts montés que les coqs d’Inde (famille du dindon, Ndt) et ont le cou droit, un peu plus long à proportion que ne l’a cet oiseau quand il lève la tête. L’œil noir est vif, et la tête sans crête ni houppe."

"Ils ne volent point, leurs ailes sont trop petites pour soutenir le poids de leur corps. Ils ne s’en servent que pour se battre et faire des moulinets quand ils veulent s’appeler l’un l’autre. Ils font avec vitesse 20 ou 30 pirouettes tout de suite du même côté, pendant 4 à 5 minutes ; le mouvement de leurs ailes fait alors un bruit qui approche celui d’une crécelle, et on l’entend de plus de 200 pas."
(Source : Album de la Réunion, Antoine Roussin.)

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Depuis 2002, on sait avec certitude ce que l’illustre naturaliste M. Cuvier avait compris en 1930 à l’examen des os du Dodo : leurs ancêtres sont des pigeons d’origine du Sud-Est asiatique qui ont dû voler une centaine d’heures (quatre jours !), pour arriver dans ce biotope "paradisiaque", il y a 8 millions d’années.

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Histoire du Dodo (traduite et adaptée de Cf :)

* Le Dodo était un membre de la famille des pigeons (Columbidae). Le plus proche cousin vivant du Dodo est le pigeon de Nicobar.
* Les Dodos ont vécu seulement sur l’Ile Maurice dans l’Océan Indien. On pense que leurs ancêtres sont d’origine de Sud-Est asiatique, ont volé une centaine d’heures il y a 8 millions d’années et se sont alors lentement transformés en des espèces incapables de voler et condamnées à l’isolement.
* Un Dodo adulte faisait environ un mètre de long et pesait jusqu’à 20 kilogrammes. Il était gris avec de petites ailes. Bien qu’incapable de voler, il était probablement tout-à-fait agile (contrairement à l’idée reçue).
* Les Dodos se nourrissaient des graines et des fruits, facilement disponibles sur le sol de la forêt tropicale humide de l’île Maurice. Avec une telle abondance alimentaire et aucun prédateur, les Dodos n’ont pas eu besoin de voler.
* Bien qu’ils aient été gros et faciles à chasser, les Dodos n’étaient pas bons à manger. La viande de Dodo était dure et se conservait mal...(contrairement au Solitaire de la Réunion, son proche cousin et contemporain (Ndt). les colons hollandais l’ont appelé « walckvogel, » ou « oiseau répugnant. »

L’extinction du Dodo était complète vers la fin du 17ème siècle, moins de 100 ans après sa découverte.

Le Dodo était recouvert d’un duvet gris.
"Son poids était d’une vingtaine de kilos pour une taille d’environ 70 cm de haut. On peut supposer que certains mâles adultes étaient encore plus massifs.
Il possédait une grosse tête dont les côtés étaient dépourvus de plumes et coiffée d’un capuchon noir."
Son bec crochu était massif et puissant et sa queue recourbée et touffue. Ses ailes étaient minuscules.
Il possédait une démarche maladroite, se dandinant sur des pieds aux orteils courtauds. Ses puissantes pattes à quatre doigts tendraient à démontrer que c’était un bon coureur".
(Source Terra Nova).

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Portrait fantaisiste (HallDodo-Bird (http://www.gallery-north.com)
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Le vrai dodo
Dessin du naturaliste Miscellany (1793)

Certaines sources mentionnent le fait que les plumes blanches de la queue du Dodo étaient recherchées pour l’ornement des chapeaux des dames au 17ème siècle.
En réalité, il ne s’agissait probablement que d’individus albinos.

Struthioniformes ? une erreur de classification...

Les struthioniformes ou Ratites sont un groupe d’oiseaux incapables de voler, dont la plupart ont actuellement disparu (les premiers habitants de Madagascar ont cohabité quelques temps avec des Aepyornis de 450 kg !) Un certain nombre de caractéristiques les distinguent des autres oiseaux, ce qui tend à confirmer leur origine commune.
Les struthioniformes se reconnaissent par l’absence de bréchet sur leur sternum. Le bréchet constituant une ancre forte pour les muscles des ailes, les struthioniformes ne pourraient pas voler même s’ils développaient les ailes appropriées.

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Le Dodo, Mascotte du site

National Geographic (Fevrier 2002)

Les adaptations du Dodo pour la vie au sol et son gigantisme ont rendu sa classification (basée sur les caractéristiques anatomiques) difficile au début.
Le Dodo a longtemps été classé parmi les struthioniformes ou Ratites qui inclut les émeus, les autruches, les kiwis, les casoars et les nandous.


Depuis le milieu des années 1800, le Dodo a été re-classifié comme faisant partie de la famille qui inclut les pigeons, les colombes et le Solitaire.

Mais il y manquait certaines preuves.

En 2002, dans une étude publiée dans le journal "Science", l’analyse moléculaire d’ADN d’un spécimen de Dodo (Muséum d’Histoire naturelle de l’Université d’Oxford), confirme que l’oiseau appartient formellement à l’arbre généalogique du pigeon.

Son parent le plus proche encore en vie est le pigeon de Nicobar, qui vit dans les Îles Nicobar (en Asie du Sud-Est) où il fait partie d’un groupe de grands oiseaux qui passent beaucoup de temps au sol.
D’autres représentants actuels de l’espèce incluent les pigeons couronnés de la Nouvelle Guinée et le pigeon "tooth-billed" de Samoa.

Nb. Le Solitaire de l’Île de la Réunion, encore appelé "oiseau bleu", également disparu à la même époque, devait appartenir à la même famille.

L’Extinction de l’Holocène (Cf. Notes en bas de page) est le nom donné habituellement à l’extinction massive d’espèces observée depuis la fin de la dernière glaciation (10.000 ans) jusqu’à l’époque contemporaine.
Ces extinctions concernent de nombreuses familles de plantes et d’animaux. Depuis le début du XIXème siècle, et de manière très accélérée depuis les années 1950, celles-ci ont surtout eu lieu dans les forêts tropicales humides. (Wikipédia).

"Dodo. The Bird behind the Legend" par Alan Grihault rend hommage à l’oiseau universellement associé à l’Île Maurice, mais aussi à la question de la sauvegarde des espèces menacées. De par le monde, le Dodo demeure l’exemple le plus connu d’espèce disparue et devient par là-même l’icône des défenseurs de la bio-diversité et de la sauvegarde des espèces en voie d’extinction.
Hypersomnie ou clinophilie ?

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Alice et le Dodo par John Tenniel

"Le Dodo, cher au "pays des merveilles" de Lewis Carroll, n’appartient plus qu’à un passé révolu. Il aura suffi d’un peu plus de 200 ans (?) pour que disparaisse l’un des oiseaux les plus étranges que notre planète ait porté et pour qu’il devienne le symbole des oiseaux disparus. (BALOUET (J.C.) et ALIBERT (E), 1989. - Le grand livre des espèces disparues. Ed. Ouest-France. p. 42).


Sources : le site du Carnaval de La Louvière
,
"Doudou voudrait dire « gros, difforme, d’une grosseur disproportionnée par rapport à la hauteur ». Les homonymes « doedoe, dodo, doudo » ont toujours le même sens : c’est la « grosse biette », comme le disent nos amis montois pour qualifier le dragon légendaire que combat chaque année Saint-Georges lors du combat historique dit « Lumeçon », lors de la ducasse de Mons.
Les Anglais disent « dodo » et les Portugais « doudo » pour désigner l’oiseau étrange trouvé au 16ème siècle dans l’Île Maurice, mi-oie, mi-autruche, lourd et stupide et aujourd’hui disparu."

Dodo l’enfant Do

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Musée d’histoire naturelle de Londres (Photo Smg)

Fais dodo, Colas mon p’tit frère,
Fais dodo, t’auras du lolo.

Maman est en haut,
Qui fait des gâteaux,
Papa est en bas,
Qui fait du nougat.

Fais dodo, Colas mon p’tit frère,
Fais dodo, t’auras du lolo.

Si tu fais dodo,
Maman vient bientôt.
Si tu ne dors pas,
Papa s’en ira.

Fais dodo, Colas mon p’tit frère,
Fais dodo, t’auras du lolo.


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Quelques liens externes pour en savoir plus...
  • Toute l’info sur le Dodo sur Terra Nova, un site formidable ! (Nda).
  • Les animaux perdus des îles mascareignes (Album de la Réunion, Antoine Roussin), une magnifique page d’informations sur le Dodo.
  • Oiseaux.net/ buffon
  • Le Musée du Dodo. Potomitan (site de promotion des cultures et des langues créoles).
  • Alexandre Dulmas "Le Feu... ". Magnifique récit du naufrage par le feu, du Neuw Hoorn, le 19 novembre 1619. "Alors, par un de ces hasards terribles qui font dépendre les grandes catastrophes d’une misérable cause, un fragment de la mèche ardente tomba dans le trou du bondon..."

[1"Le 28 décembre 1618, Willem Ysbrandtsz Bontekoe, capitaine du Nieuw-Hoorn quitte les Pays-Bas pour l’île de Java. Après plusieurs mois de navigation éprouvante, il relâche à l’île Maurice puis à Madagascar. Plus tard, en plein océan Indien, le feu prend à l’eau-de-vie, puis aux poudres, et le vaisseau explose alors « en tant de débris que l’on ne pouvait plus distinguer si ceux-ci provenaient d’hommes ou d’autres choses ». Bontekoe, grièvement blessé, et un jeune mousse sont les seuls survivants. Mais 70 hommes, qui s’étaient opportunément enfuis en chaloupe pendant l’incendie, viennent malgré tout les repêcher. Des jours durant, dérivant au gré des courants et des vents, les horreurs de la famine les réduisent, lui et ses compagnons d’infortune, aux extrémités les plus pénibles. Parvenant sur la côte inhospitalière de Sumatra, ils manquent d’être tous massacrés par les insulaires, se procurent quelques vivres, puis gagnent le détroit de la Sonde, où une flotte hollandaise les recueille. .../...
Le 6 février 1625, Bontekoe quitte Batavia pour revenir dans son pays à la tête de trois vaisseaux richement chargés. Deux sombreront en chemin ; le sien, à moitié détruit par un ouragan, fait une longue halte réparatrice à Madagascar, puis se rend à Sainte-Hélène où les canons portugais manquent de l’envoyer par le fond. Ce n’est qu’après avoir essuyé tous ces désastres, et bien d’autres encore, que Bontekoe retrouve sa patrie le 25 novembre 1625, ayant échappé presque miraculeusement à la mort qui l’avait poursuivi sous tant de faces différentes." (Sources :Le naufrage de Bontekoe & autres aventures en mer de Chine, 1618-1625).
Récit traduit et présenté par Xavier de Castro et Henja Vlaardingerbroek. Éditeur : Chandeigne